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Les logiciels libres

1. L’esprit du libre

Un logiciel, c’est un programme informatique qui donne des instructions à un ordinateur, afin que ce dernier effectue certaines opérations. Aujourd’hui, l’informatique joue un rôle très important dans nos vies au quotidien, en particulier avec l’omniprésence du Web et des innombrables outils numériques utilisés.

Il est donc totalement légitime, et même recommandé, de se demander QUI donne les instructions à nos ordinateurs et applications, c’est à dire QUI écrit ces logiciels, COMMENT ils sont écrits, QUI les contrôle et à quelles fins.

Quelles libertés ?

Logiciels libres

Quand on parle de logiciel libre, on parle d’un logiciel publié sous une licence qui garantit certaines libertés aux personnes qui utilisent le programme. En fin de compte, c’est bien de la liberté de l’utilisateur qu’on parle, et elle est primordiale. C’est grâce à ces libertés que les utilisateurs et utilisatrices peuvent garder le contrôle du programme et éventuellement l’adapter à leurs besoins et l’améliorer.


Les logiciels libres et leur communauté : un cercle vertueux.
(Inspiré d’un schéma publié par l’APRIL)

Logiciels privateurs

Inversement, on parlera de logiciel « non libre » ou mieux « privateur » quand ces mêmes libertés sont refusées à ses utilisateurs.
Dans le cas d’un logiciel privateur, un contrat de licence (gratuite ou payante) qui limite l’utilisation du logiciel DOIT être accepté. Ce ne sont plus les utilisateurs qui contrôlent le programme, mais l’inverse : c’est le programme (et donc son éditeur) qui contrôle les usages, et les utilisateurs et utilisatrices sont de fait privés de leurs libertés.


Les logiciels privateurs limitent les libertés des utilisateurs.

Les utilisateurs sont ici des consommateurs ayant accepté le contrat de licence limitant leurs libertés. Ils se sont placés de fait dans une situation d’impuissance en utilisant le logiciel propriétaire ; il est important que chacun soit conscient de cette situation.
Ce problème est d’ailleurs bien plus fort encore avec les logiciels utilisés directement en ligne, les services en ligne du fameux « Cloud ».

Pourquoi vouloir ces libertés ?

Lorsqu’on ne dispose pas du code source d’un logiciel, on ne peut donc pas vérifier s’il ne fait QUE ce qu’il est sensé faire (et qu’il n’effectue pas des actions non désirées ou non attendues par l’utilisateur). L’éditeur du logiciel a dans ce cas un contrôle total sur le programme.
L’expérience a montré un nombre incalculable de fois où l’éditeur a profité de ce pouvoir pour insérer des fonctionnalités malveillantes dans les logiciels, comme les espions logiciels (spyware), les portes dérobées (backdoors) et les dispositifs de contrôle d’usage (DRM - Digital Rights Management).

L’immense majorité des utilisateurs n’a évidemment pas les compétences techniques nécessaires pour lire et comprendre le code source mais ce qui compte surtout, c’est de garantir l’accès à ce code.
Cela nous assure qu’un·e informaticien·ne compétent⋅e pourra toujours vérifier s’il n’y a pas dans ce code des lignes qui pourraient constituer un risque. De fait, les logiciels libres ont une réputation de fiabilité et de sécurité bien plus importante étant donné le très grand nombre de personnes capables d’auditer le code.



2. Qu’est-ce qu’un logiciel libre ?

Le concept de « logiciels libres » a été défini pour la première fois dans les années 1980 par Richard Stallman, un ingénieur et développeur américain. La toute première licence libre (licence libre GNU GPL, pour General Public Licence) est publiée en février 1989 :



La toute première licence libre GNU/GPL de février 1989.
Source : https://www.gnu.org/licenses/old-licenses/gpl-1.0.html

Quatre libertés fondamentales

Un logiciel est dit « libre » quand il accorde à l’utilisateur, par sa licence de diffusion, les 4 libertés suivantes (historiquement numérotées de 0 à 3) :

Liberté 0 et 1 : impact individuel
Liberté 2 et 3 : impact collectif


Les 4 libertés essentielles du logiciel – CC-BY-SA – par Jeison Yehuda Amihud
Source : https://www.gnu.org/graphics/amihud-4-freedoms.html

La vidéo ci-dessous présente de manière rapide et accessible le principe des logiciels libres tout en revenant plus en détail sur ces 4 libertés :

Lien direct vers la vidéo : https://podeduc.apps.education.fr/video/42956-quest-ce-que-le-logiciel-libre-open-source-la-liberte-du-mp4/

Le Copyleft

Il existe de très nombreuses licences libres qui peuvent s’appliquer sur des logiciels.

La notion de copyleft désigne les conditions particulières de certaines licences libres avec lesquelles l’auteur va pouvoir imposer que les œuvres dérivées créées après modifications de la sienne soient publiées dans des conditions qui ne soient pas plus restrictives (que la licence originale).

➜ Autrement dit, grâce à ces licences, l’auteur pourra empêcher que toute évolution possible de son travail soit accompagnée d’une restriction du droit à la copie, à l’étude, ou à de nouvelles évolutions. Il s’assure ainsi que son œuvre ne sortira jamais du domaine du Libre.

Les licences de type Copyleft sont d’une importance capitale dans le développement et la diffusion des logiciels libres.

Le terme « copyleft » 🄯 est apparu en opposition au « copyright » © qui interdit par défaut toute réutilisation d’une œuvre. C’est un jeu de mot à tiroirs, où « left » s’oppose à « right » mais peut aussi signifier « laissé », dans le sens de « copie laissée », c’est à dire « droits de copie autorisés ».
Le copyleft se base sur le copyright pour accomplir l’opposé de son but habituel : au lieu d’imposer des restrictions, il accorde des droits d’utilisation.



Logo du Copyleft

« L’idée centrale du copyleft est de donner à quiconque la permission d’exécuter le programme, de le copier, de le modifier, et d’en distribuer des versions modifiées - mais pas la permission d’ajouter des restrictions de son cru. C’est ainsi que les libertés cruciales qui définissent le logiciel libre sont garanties pour quiconque en possède une copie ; elles deviennent des droits inaliénables. »
— Richard Stallman


3. Enjeux des logiciels libres

Bien au-delà de la simple dimension technique, il y a aussi et surtout une dimension économique, sociétale et éthique dans le développement et l’utilisation de logiciels libres.

Des formats ouverts pour garantir l’interopérabilité

➜ Un avantage notable des logiciels libres : travailler sur des formats ouverts

Les logiciels libres utilisent des formats de fichier ouverts, c’est à dire dont les caractéristiques de fonctionnement sont librement accessibles, parfaitement documentées et même parfois définies par des normes.
Ils garantissent ainsi l’interopérabilité (cf. plus bas) et facilitent les échanges de contenus, même avec des personnes qui utilisent un autre logiciel (de même type), contrairement à la stratégie d’enfermement des logiciels privateurs qui utilisent volontairement des formats de fichier non compatibles avec les autres logiciels.



Source : l’expolibre (APRIL) – Cliquer sur l’image pour accéder au contenu

Il existe une liste des formats ouverts recommandés par l’État et sa direction interministérielle du numérique (DINUM). Ils sont détaillés dans un document de référence : le RGI (Référentiel Général d’Interopérabilité) : https://www.numerique.gouv.fr/publications/interoperabilite/

Par exemple, les formats de fichiers recommandés les plus connus en matière de :

À noter : les formats .docx ou .xlsx, etc. de Microsoft ne sont PAS des formats ouverts et interopérables, ils ne sont PAS recommandés.

➜ Interopérabilité

Il s’agit d’une notion capitale (et méconnue).

« L’interopérabilité est la capacité que possède un produit ou un système, dont les interfaces sont intégralement connues, à fonctionner avec d’autres produits ou systèmes existants ou futurs et ce sans restriction d’accès ou de mise en œuvre. »

Il ne faut pas confondre la simple compatibilité (entre deux systèmes) et l’interopérabilité qui permet à différents systèmes de communiquer entre eux grâce à la présence d’un standard ouvert.

À gauche : Compatibilité entre deux systèmes
À droite : Interopérabilité entre plusieurs sytèmes.
(Images par Jean-Christophe Becquet – APITUX – CC-BY-SA)

L’interopérabilité favorise un accès beaucoup plus large aux contenus et améliore leurs échanges, la conservation, la sauvegarde et donc la pérennité des données.

Libre ou Open Source ?

Un logiciel libre répond aux 4 critères de liberté : utiliser, étudier, redistribuer, modifier ; c’est un concept plus ancien que l’Open Source.
Pour qu’un logiciel soit qualifié d’Open Source, il faut que son code source soit ouvert, lisible par tous, et que sa licence accorde la possibilité de redistribuer ce code source et celui d’éventuels logiciels dérivés.
A priori, ces deux définitions sont totalement équivalentes, cependant, on constate que :

Pour simplifier on peut dire qu’il s’agit de deux approches différentes d’un même concept.
Richard Stallman résume bien la différence fondamentale entre ces deux approches qui réside selon lui dans leur philosophie :

« L’open source est une méthodologie de développement ; le logiciel libre est un mouvement social. »


4. Précisions

➜ Ne pas confondre :

Les 4 libertés selon le type de logiciel.


5. Et dans l’éducation ?

La « Culture du libre »

La culture du logiciel libre et des communs numériques fait totalement partie de l’équation d’un numérique plus éthique et responsable. Ceci est d’ailleurs corroboré par la stratégie du numérique pour l’éducation 2023 - 2027 qui acte le soutien au développement des Communs numériques, entre autres.

Audran Le Baron (Directeur du Numérique pour l’Éducation) le confirme de manière très claire à la Journée du Libre Éducatif à Créteil, le 29/03/2024 : « […] en matière de numérique éducatif, nous pouvons désormais affirmer et assumer le fait que les Communs numériques constituent l’horizon par défaut des projets soutenus et opérés par l’Institution. Par défaut, cela signifie que les codes, les données, les contenus que nous développons ont vocation première à être libres, ouverts et interopérables. Pour des questions de souveraineté, de sécurité, de transparence, d’accessibilité, de pérennité, de maîtrise des coûts, […] » (cf. le passage en question dans la vidéo ci-dessous).

L’Éducation nationale semble donc enfin prendre la mesure des enjeux éthiques derrière le choix des outils et logiciels utilisés lors des séances d’apprentissage.

Lien direct vers la vidéo : https://tube-numerique-educatif.apps.education.fr/w/gygxmHSvTGkXnCVDC8znZD

« Le logiciel libre et les formats ouverts ont pleinement leur place dans l’éducation car celle-ci n’a pas vocation à favoriser tel ou tel fournisseur de solutions privatrices. […] Avoir recours à des formats ouverts et placer les ressources pédagogiques sous licence libre permet de les partager, de les améliorer et de contribuer au développement d’une éducation plus éthique. Les logiciels libres pouvant être diffusés sans restriction, les enseignants peuvent alors trouver davantage de ressources pour créer leurs propres documents pédagogiques. » (April, l’Expolibre)

Les valeurs du logiciel libre incarnent parfaitement la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » : travailler dans l’Éducation avec des logiciels libres et des formats ouverts est en totale adéquation avec les objectifs de l’école de former des citoyens instruits, éclairés, émancipés.

C’est un pas de plus vers une société qui fera la part belle à un « numérique acceptable », comme le décrit Louis Derrac :


Source de l’image : https://louisderrac.com/2023/06/numerique-responsable-critique-dun-oxymore/

Testons nos connaissances

Lien direct vers l’activité : https://learningapps.org/watch?v=pxibiauqj20

6. Pour en savoir plus

Cette vidéo présente en quelques minutes ce que sont les logiciels libres et aborde l’aspect historique, mais précise aussi les différentes notions complexes qui entourent cette philosophie de développement (libertés de l’utilisateur, Open Source, logiciels propriétaires, licence GPL, etc.). La vidéo présente aussi les différentes options que les entreprises ont trouvées pour générer de l’argent avec le libre :

Lien direct vers la vidéo : https://infothema.net/w/qrMoaqPajSJvy9E5aMqd2X

Pour en savoir (beaucoup) plus :



7. Liens et sources




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